racontée par Jean-Luc Chanier…

Domaine de la ferme d’Erambéré
Notre famille en 1997

Comment m’est venue l’envie d’avoir ma première ruche ?

Au départ, dans les années 50 du siècle dernier, tout a commencé lorsque, âgé de 3, 4 ans, j’observais mon grand-père maternel récolter et extraire son miel.

Ce Papy aidé de sa femme, Mamie, avait eu dans leur jeunesse un grand rucher dans le sud est de la France (Var), en 1920 – 1930. Après avoir essayé la culture du mûrier pour ses bombyx, ce jeune couple se mit à élever des abeilles. Le succès dans l’agriculture n’étant pas au rendez-vous, ils sont retournés à Paris, ville de naissance de Jean Percheron, grand-père de Jean Luc.

Après avoir passé une partie de leur vie dans l’industrie, les « Percheron » se sont installés à Lalandusse dans le Lot et Garonne, où ils avaient du matériel apicole et 5 ou 6 ruches actives.

Pendant 30 ans le vide apicole. A 20 ans, je me retrouve en Nouvelle Calédonie. A 27 ans, je me marie avec Jocelyne.

Années 80

Nous avons une fille, Caroline, le 9 janvier 1981. Puis en 1984, un essaim d’abeille se pose dans le parc du Haut-commissariat dont je m’occupais à l’époque. Aussitôt, j’achète une ruche et l’aventure commence. Aventure familiale et agricole.

Naissance de notre fils Jean-Gabryel le 20 août 1987. Familiarisation à l’apiculture, passage de 1 à 20 ruches.

Structuration, passage de 20 à 140 ruches. C’est en 1988, que m’est venue l’idée de créer un regroupement en vue de commercialiser ma production de miel débutée en 1985.

Création d’un groupement d’Intérêt Économique (GIE)

Je me suis donc tourné vers les deux apiculteurs Armand Pitel et Éric Bouyé avec lesquels j’avais le plus d’affinités. Le GIE fût le cadre juridique pour la commercialisation de nos productions.

J’étais alors le coordonnateur gérant du G.I.E Miel de Dumbéa, activité que je faisais en complément de mon travail professionnel.

J’organisais la commercialisation des productions, établissait les rapports avec les centrales d’achats des groupes Carrefour/Champion/Géant/Casino et Super U, Michel Ange, magasins où en Nouvelle Calédonie, vous pouvez trouver nos produits. Je conduisais la politique commerciale du groupement en privilégiant la qualité des produits. 

Années 90

Collaboration avec Armand Pitel, le « Monsieur reproduction », le plus âgé donc le plus expérimenté, natif de la Normandie en France. Il dirigeait la station de reproduction d’Ondémia à Païta à 25 kilomètres de Nouméa. Sur cette propriété, c’était plusieurs centaines de reines par an, qui y voyaient le jour. Son activité a pris fin en octobre 2000 pour des raisons de santé.

Collaboration avec Éric Bouyé, le plus jeune du groupe. Apiculteur en dehors de son activité professionnelle, il travaille dans une banque de Nouvelle Calédonie. Fils d’apiculteur, Eric Bouyé est né sur le territoire dans une vieille famille calédonienne.

Dans le G.I.E, l’expérience des uns et des autres n’était un secret pour aucun des membres.

Armand Pitel, innovait en permanence, inventait, appliquait de nouvelles méthodes de travail. Pour ma part, c’est la rationalisation poussée au maximum possible, ce sont les extractions rapides.

C’est cet ensemble qui a fait le succès du G.I.E. Lorsqu’un problème survenait, nous réfléchissions ensemble à la question, une formidable énergie qui a toujours conduit à trouver une solution rapidement.

Ce groupement a fonctionné à la satisfaction de tous de 1988 à 2001. Malgré la fin du GIE, l’esprit d’équipe persistera  encore quelques temps.

Pendant cette période, mon miel était commercialisé sous la marque « Miel de Dumbéa ».

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Jean-Luc Chanier dans les années 90

En décembre 1999, j’achète plus de 20 hectares de terre sur les Hauts de la commune de Dumbéa. Sur ce terrain il n’y a pas d’eau, d’électricité ni même de route. Cela nécessite beaucoup de travail pour en faire quelque chose. Ce terrain est très accidenté, bon pour y mettre des ruches, à condition d’y éviter les feux de brousse et d’y faire pousser des plantes et des arbres mellifères.

Années 2000

Je travaillais comme chef des services techniques du Haut-commissariat jusqu’en septembre 2000.

Je conduis un rucher avec un objectif de 150 ruches en moyenne (entre 154 et 140 ruches).

Depuis 2002, je suis le Président de l’Association des Apiculteurs de Nouvelle Calédonie.

A gauche, la ferme d’Erambéré, une aventure familiale. A droite, blason de la ferme


A la mi-mars 2003, nous avons subi le cyclone Erica dans le sud qui a fait beaucoup de dégâts. Plus de 25 ruches ont été détruites, emportées par les eaux ou écrasées par la chute d’arbre. Il a fallu dix mois pour retrouver la pleine activité de l’ensemble des ruches.

Toujours en 2003, une maison a été construite et un élevage de poulets fermiers a été mis en place dans les productions agricoles, par bans de 150 poulets.

Le 25 décembre 2004, un grand incendie courant sur les communes de Païta et Dumbéa ravage 17 ha sur la propriété. A la suite de ce sinistre, j’ai pris la décision de reboiser la propriété.

Fin 2005 sur la propriété, les routes, les conduites d’eau et l’électricité avec groupe électrogène sont en grande partie installées.

Commencé en mars 2005, en juillet 2008 c’était pratiquement fini (15 ha). Très vite les cerfs ont fait des dégâts importants, il a été convenu alors d’envisager  de clôturer l’ensemble de la propriété, soit 3,6 km. Cette opération a été terminée en décembre 2008.

Entre 2005 et 2009, l’exploitation passe de 170 à 450 ruches. Je prend ma retraite de l’administration où j’étais gestionnaire de la PAF (Police aux Frontières) en octobre 2005.

Depuis 2006, je fais participer les Miels de la Ferme d’Erambéré au Concours de la Foire Agricole de Paris, où ils ont été plusieurs fois récompensés, en particulier en 2007 par une médaille d’or et d’argent.

Dès 2007, les quantités de miel produites augmentent rapidement : 7,7 tonnes en 2007, 12 tonnes en 2008 etc… La miellerie de Koutio a du être agrandie en 2006, mais elle est déjà trop petite. Le projet d’une miellerie sur la propriété est arrêté et les travaux sur fond propre sont commencés en juillet 2008 pour être finis en juillet 2009 pour un coût de 15 millions CFP soit 125.000€.

La miellerie de Dumbéa

La moyenne de production par ruche est passée de 32 kg/ruche à 27 Kg/ ruche en trois ans.

En 2007, pour la première fois, la production de miel dépasse les 12 tonnes et un chiffre d’affaire uniquement pour la section miel de plus de 13 000 000 CFP soit 111 080 €.

Pendant cette période, le plan de reboisement est mis en place et réalisé. L’entretien est la partie qui demande le plus d’investissement car il convient de nettoyer en permanence les surfaces plantées, à la débroussailleuse, pour éviter la concurrence des mauvaises herbes mais aussi éviter un stock d’herbe qui pourrait alimenter les feux éventuels. La protection contre les feux de brousse est le danger numéro un au moins pendant les dix première années.

Niaoulis

L’équipement en bâtiments se continue pour obtenir le plus de confort dans la conduite de l’exploitation.

L’électricité fournie par le groupe et le solaire sera en permanence remise à plat : les potentialités solaires n’étant pas au rendez-vous et le matériel tels que les panneaux solaires ou les batteries ne sont pas d’un rendement formidable. C’est une installation très chère et peu performante, la solution avenir sera adossée à la production d’électricité par le bon vieux groupe électrogène.

La ferme d’Erambéré aujourd’hui

Pour plus d’information concernant la période 2013 – 2019, rendez vous sur la page Evolution dans le temps.

Année 2020

Dans la journée du 1er février 2020 un incendie parti d’un jardin a pris sur du maquis et gagné la propriété Dang de 300 ha et la propriété Smadja, toutes deux sans entretien depuis une dizaine d’années voire plus. Ces deux propriétés font limites sur la moitié du domaine. Malgré nos efforts, nous n’avons pas pu empêcher le feu de gagner certaines parties des reboisements en pin des caraïbes et de traverser la forêt primaire qui se trouve au milieu du domaine. Notre lutte jusqu’à 3 heures 30 du matin avait limité les dégâts. Cependant, le lendemain vers 9 heures, des braises pourtant sécurisées par les pompiers ont repris et fait les plus grands dégâts. Un dock d’élevage a été détruit, où était entreposé un stock important de poteaux de clôture, piquets, rouleaux de grillages et un grand nombre de planches et de madriers. Il n’en reste que les tôles au sol.  

Ce dimanche 2 février 2020 le feu a couru dans les vergers de letchis malgré une herbe très rase, traversant le verger de manguier. Le concours des pompiers arrivés tardivement et nos moyens n’ont pu que limiter les dégâts. Le dimanche nous avons été surpris par cette reprise de feux en plusieurs point. Seuls Jocelyne et Jean-Gabryel étaient sur place, Caroline, Jennyfer et moi-même étions en déplacement et avons mis 30 minutes pour rejoindre l’incendie. Un des quads de liaison transportant tuyaux et raccord a été très sollicité sous une très grande chaleur et son moteur en a pris un coup.